Votre chien se met subitement à boiter d’un postérieur, sans choc violent, à peine un départ un peu rapide ou un petit saut. Et si c’était une rupture du ligament croisé?
Par le Dr Fauqueux, CES de traumatologie ostéo articulaire et orthopédie animales.

Le rottweiler fait partie des chiens prédisposés à la rupture du ligament croisé antérieur
La rupture du ligament croisé est la principale cause des boiteries du postérieur. Il s’agit en fait de la rupture du ligament croisé antérieur. Il existe au milieu du genou deux ligaments appelés les croisés, antérieur et postérieur.
La rupture du ligament croisé est rarement la conséquence d’un choc violent. Dans 80% des cas, il s’agit d’une dégénérescence du ligament , en parallèle d’un développement arthrosique de l’articulation du genou (grasset) . La rupture peut être partielle ou totale. (La rupture du ligament croisé postérieur est plus rare, traumatique, et rarement isolée.)

En bleu le ligament croisé antérieur, en vert le ligament croisé postérieur
Le phénomène étant dégénératif, il atteint souvent les deux genoux, et dans environ 50% des cas, une rupture du ligament croisé de l’autre genou a lieu dans l’année.
Les signes cliniques sont une boiterie d’apparition brutale, pouvant s’améliorer sous anti inflammatoires et/ou avec du repos, mais qui revient systématiquement dès la reprise d’exercice.
Le diagnostic est principalement clinique, avec la mise en évidence d’un “mouvement de tiroir” du genou; il s’agit d’une bascule antérieure du tibia, qui n’est plus retenu par le ligament croisé antérieur. Une radiographie permet également de le mettre en évidence.

Plusieurs traitements ont été proposés. Ils sont séparables en deux catégories: les stabilisations mécaniques et les stabilisations dynamiques.
Les stabilisations mécaniques sont des systèmes qui remplacent le ligament par une structure reproduisant les mêmes effets. On parle alors de ligamentoplastie. C’est actuellement la technique de choix chez le chat.

Depuis la fin des années 2000 , une approche biomécanique a montré un réel intérêt dans l’évolution à long terme. Le chef de file de ces traitements est la TPLO (tibial plateau levelling osteotomy soit ostéotomie de nivellement du plateau tibial) , qui vise à modifier la biomécanique du genou, en neutralisant les forces de poussée crâniale du tibia.
Toutes les études montrent maintenant la supériorité de cette technique, notamment avec une évolution arthrosique dans le temps bien moindre qu’avec toutes les autres techniques. Elle est particulièrement indiquée pour les chiens lourds, sportifs, jeunes.

Par expérience, nous l’appliquons à tout type de chien à partir de 6kg, la récupération étant bien meilleure qu’avec les techniques de ligamentoplastie.

Très souvent, des lésions méniscales sont associées. L’arthroscopie est la méthode de référence pour traiter ces lésions et explorer correctement les ménisques.


Depuis janvier 2025, nous sommes en mesure de réparer les ménisques déchirés quand cela est possible et a ce titre nous réalisons une étude de suivi sur moyen et long terme auquel nous vous demanderons de participer. Cliquez ici pour la vidéo.

Dans certains cas (jusqu’à 33% sur les dernières publications) une instabilité en rotation interne du genou appelée “Pivot Shift” persiste. Cette instabilité ne peut se constater qu’après avoir traité par TPLO le genou et nécessite un moyen de contention supplémentaire: une prothèse anti rotatoire est alors mise en place en complément de la TPLO. Cependant elle ne provoque de la gène que dans moins de 4% des cas: la prothèse anti rotatoire ne sera proposée qu'en deuxième intention.
Les soins pour les ruptures de ligament croisé ne s’arrêtent pas à la chirurgie. Il faut ensuite permettre une récupération optimale du chien, par une remise en condition progressive.
Parfois, des contractures réflexes du muscle sartorius (un muscle de la cuisse) entraîne un boiterie persistante post chirurgicale (défaut positionnel acquis). Une seule séance d’ostéopathie permet en général de régler le problème . Nous bénéficions à Animed des services du Dr Durand Sionnet, vétérinaire, et diplômée en ostéopathie vétérinaire.
Un animal qui a bénéficié d’une technique de TPLO associée à une arthroscopie a une récupération fonctionnelle proche de 100%. Même un chien de sport peut retrouver une activité compatible avec son ancien niveau.
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